intelligence émotionnelle et agilité émotionnelle: quelle différence ?

by | Apr 8, 2022

Inspirée par l’article « L’intelligence émotionnelle : la compétence managériale du futur » (article complet au bas du post), je propose une exploration autour des thèmes d’intelligence et d’agilité émotionnelle.

 

Ne cherchons-nous pas bien trop souvent à trouver des solutions rapides pour « des leaders plus bienveillants», « un meilleur esprit d’équipe », « plus de bien-être et de rentabilité », etc.. tout en oubliant.. qu’un changement profond, réel et qui perdurera demande du temps et du courage ?

 

C’est pourquoi, selon moi, les nuances sont importantes. Dans un article que j’ai publié précédemment à ce sujet en anglais (« Why emotional agility is more beneficial than emotional intelligence and how to practice it. »), j’explique pourquoi l’agilité émotionnelle est plus bénéfique que l’intelligence émotionnelle. En effet, la première passe par l’acceptation, la seconde par le contrôle. Dans le domaine de la pleine conscience, on intègre qu’il n’est possible de se défaire de quelque chose que si on l’accepte – le contrôle à l’inverse renforce. Eckhart Tolle a écrit cette fameuse phrase (traduite de l’anglais) :

 

« Ce que tu combats, se renforce et ce à quoi tu résistes, persiste.  »

 

Le contrôle des émotions va dans ce sens selon moi. Je trouve toutefois réjouissant de voir que l’on cherche enfin à “dé-tabouiser” les émotions et à sensibiliser sur le sujet. Comme je l’écris dans mon blog : prendre soin de nos émotions c’est prendre soin de notre santé.

 

Acceptation VS contrôle

Ces deux termes sont souvent utilisés pour dire la même chose, or je souhaite relever une nuance : à savoir le fait que l’intelligence émotionnelle permet une adaptation au contexte, mais peut résulter parfois en une incongruence entre le ressenti de la personne et son action.

 

L’intelligence émotionnelle est nécessaire pour développer l’agilité émotionnelle, qui, selon ma compréhension, va un peu plus loin puisqu’elle implique un alignement entre ce que je ressens et ce que je fais. Plus besoin de « contrôle » puisque les choses sont alignées. Cela demande toutefois un travail plus en profondeur, plus de courage ; oser se montrer humble et vulnérable.

 

Il est relativement facile d’être « intelligent » émotionnellement ; par contre, faire preuve d’un alignement profond entre ses émotions (ce qu’elles nous disent) et ses actions demande un peu plus de travail.

 

Leadership conscient

 

« Le leadership conscient est le résultat du développement de l’intelligence émotionnelle » … « Le leadership conscient est donc le résultat d’un long travail interpersonnel et non une compétence en soi. »

 

Ce processus a comme point de départ l’exploitation des émotions (l’intelligence émotionnelle). De toute façon, personne ne peut échapper à ses propres émotions. À chaque tentative, celles-ci deviennent rigides et répétitives. Le concept de Dr. Susan David* semble corroborer cette idée puisqu’en acceptant les émotions, même celles qu’on considère comme les plus difficiles comme la honte, le regret, celles liées à une perte ou à une grande douleur, on parvient plus facilement à la résilience et à l’épanouissement.

 

En acceptant nos émotions, on parvient mieux à discerner leurs sources; ainsi elles peuvent nous éclairer et nous orienter vers les choses qui s’alignent à nos valeurs. Susan David explique que l’agilité émotionnelle qui se manifeste quand les gens peuvent ressentir leur vérité et leur vulnérabilité émotionnelles fait émerger leur créativité et leur engagement.

 

*psychologue, enseignante à Harvard, auteure, speakering, spécialisée dans la thématique de l’agilité émotionnelle

L’intelligence émotionnelle: plus superficielle ?

A ma connaissance, lorsque l’on parle d’intelligence émotionnelle, il peut persister une incongruence entre l’action et le ressenti de la personne. C’est une compréhension mentale de quelque chose qui n’est pas encore forcément incarné dans le corps.

 

En effet, je peux facilement me persuader de quelque chose (contrôle) que je ne suis pas en train de ressentir pleinement (incarner) et agir intelligemment dans ce sens (incongruent). C’est comme si votre “vibration”,  votre corps émet “je ne suis pas bien, je résiste” mais que votre tête, mentalement dit “j’accepte” et “j’accueille” et que vous agissez en ce sens. Cela s’appelle une incongruence et certaines personnes (notamment neurosensitives) ont la capacité de ressentir cela. Finalement, plus on est congruent avec soi, plus on ressent l’incongruence autour de soi.

 

L’agilité émotionnelle: une réelle transformation ?

La distinction entre ces deux termes pourrait donc être une invitation à sortir d’une logique mentale (contrôlante) et entrer plus dans une logique de ressenti, plus corporelle. Une invitation à ressentir ce que cela signifie d’accueillir. Et aussi, une invitation à prendre le temps d’aller en profondeur.

 

Ne cherchons-nous pas bien trop souvent à trouver des solutions rapides pour « des leaders plus bienveillants», « un meilleur esprit d’équipe », « plus de bien-être et de rentabilité », etc.. tout en oubliant.. qu’un changement profond, réel et qui perdurera demande du temps et du courage ?

 

L’accueil n’est pas quelque chose que l’on se raconte, mais quelque chose que l’on incarne, premièrement dans un corps.

 

.. et l’intuition dans tout ça ?

Finalement,je pense qu’il est très à-propos de lier l’agilité émotionnelle et la capacité à se connecter à son intuition.. pour cela je t’invite à lire mon article about intuition and high sensitivity dans lequel j’explore la thématique de l’intuition et donne quelques pistes pour se reconnecter avec cette petite voix “qui sait”.

 

 

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Article complet paru le 23 janvier 2020

L’intelligence émotionnelle : la compétence managériale du futur (ordrecrha.org)